Nivelles, le 4 février 2021
Le Covid 19 polarise actuellement toutes les attentions du monde politique, des médias, des experts et du public.
Pourtant, ce n’est pas la seule menace qui pèse sur la santé des humains et des animaux. D’autres fléaux les impactent toujours sournoisement, parmi lesquels l’antibiorésistance.
Pour l’instant, on ne parle plus que de virus, mais les bactéries sont là depuis bien plus longtemps et ont été et sont encore des calamités. Peste, choléra, salmonellose, syphilis, listériose, maladie de Lyme, méningites, tuberculose,… toutes ces maladies sont maîtrisées pour l’instant par les antibiotiques, mais qu’en serait-il si les antibiotiques devenaient inefficaces ?
L’impact de l’antibiorésistance
Si rien ne change, les maladies infectieuses d’origine bactérienne pourraient redevenir en 2050 une des premières causes de mortalité dans le monde, en provoquant jusqu’à 10 millions de morts par an.
Pour quelles raisons ?
- Parce que 60 % des maladies humaines sont des zoonoses, des maladies qui se propagent entre les animaux et les humains
- Parce que 75 % des maladies émergentes viennent des animaux
- Parce qu’un usage excessif des antibiotiques au cours des dernières décennies les rendent de moins en moins efficaces car des bactéries résistantes sont sélectionnées par des traitements inappropriés
- Et que cette résistance peut se transmettre d’un milieu à un autre.
Il est impossible d’élever des animaux sans les soigner, ils peuvent tomber malades tout comme les humains et ces soins sont une des obligations imposées par le bien-être animal.
Les médecins vétérinaires ont donc besoin d’antibiotiques pour ce faire.
Toutefois, ils ont été très vite sensibilisés aux risques que représentent les bactéries résistantes et ont décidé volontairement de réduire leur consommation d’antibiotiques.
Le dixième rapport de l’ESVAC[1] a été publié en octobre 2020 et démontre que les ventes d’antibiotiques pour les animaux ont dégringolé de 34% dans l’Union Européenne entre 2011 et 2018.
Fait particulièrement important, les ventes d’antibiotiques critiques en médecine humaine présentent une tendance décroissante constante
Où en sont les vétérinaires belges ?
Un organisme, l’AMCRA (Centre de connaissances concernant l’utilisation des antibiotiques
et l’antibiorésistance chez les animaux) a été chargé par les autorités fédérales de prévenir la résistance aux antibiotiques afin de préserver la santé publique, la santé animale et le bien-être des animaux, et de poursuivre une réduction rationnelle de l’utilisation d’antibiotiques et une politique durable en matière d’antibiotiques dans la médecine vétérinaire en Belgique.
C’est pourquoi l’Union Professionnelle Vétérinaire[2] a été accueillie en décembre 2020 au sein du Conseil d’Administration de l’AMCRA où elle a rejoint des associations représentant les vétérinaires flamands (Verenigde Dierenartsen), les deux Facultés vétérinaires de Gand et de Liège, le monde pharmaceutique et les associations d’éleveurs.
Notre pays évolue très favorablement.
Au début de ces études, nous étions sur le podium des consommateurs d’AB européens.
À présent, nous sommes même parmi les meilleurs élèves européens pour la diminution depuis 2017 : -14% (selon les normes EMA) !
Depuis 2011, on a enregistré en Belgique une réduction de l’utilisation vétérinaire de :
– 40,3 % de l’ensemble des antibiotiques
– 77,3 % d’antibiotiques d’importance critique
– 71,1 % d’aliments médicamenteux avec antibiotiques.
C’est particulièrement évident en ce qui concerne les AB critiques (les céphalosporines de 3ème et 4ème générations, les fluoroquinolones et les autres quinolones) et les polymyxines.
Spatial distribution of overall sales of all antimicrobials for food-producing animals, in mg/PCU, for 31 countries, for 2018 (source: ESVAC 2020)
Soulignons que les praticiens et les éleveurs belges rejoignent les pays vertueux de façon tout-à-fait volontaire, sans contrainte autoritaire de l’état.
Contact presse : veterinaria@upv.be
Bibliographie
[1] European Surveillance of Veterinary Antimicrobial Consumption
[2] L’Union Professionnelle Vétérinaire représente les médecins vétérinaires francophones de Belgique auprès des autorités et des organes régionaux, fédéraux et européens. Comptant un millier de membres, elle est le mouvement vétérinaire le plus important du pays.