Monsieur le Président,

Objet : votre mail « campagne stop à la surpopulation féline »

Nous vous remercions pour votre message dont nous apprécions la teneur.

En effet, il est opportun en tout temps de rappeler au public ses obligations en matière d’identification et de stérilisation des chats non reproducteurs, dans l’intérêt bien compris des animaux eux-mêmes.

Toutefois, nous devons marquer notre désapprobation à l’encontre de la suggestion ci-dessous :

« Les vétérinaires doivent avoir l’obligation d’informer la clientèle des obligations légales et de transmettre à l’autorité les coordonnées des personnes qui ne veulent pas s’y conformer (hors raisons médicales). »

  • Comme vous le faites remarquer préalablement « la police locale joue un rôle crucial dans la mise en œuvre de la législation sur la stérilisation des animaux. Grâce à des contrôles systématiques lors des visites de vérification de domiciliation, les agents de quartier peuvent s’assurer que chaque propriétaire respecte l’obligation de stérilisation. »

En revanche, la profession vétérinaire n’est en rien un organisme judiciaire et les praticiens n’ont même pas la possibilité d’exiger la présentation de documents d’identité aux personnes qui nous confient des animaux, a fortiori de dénoncer les contrevenants.

  • Cependant, il est vrai, comme vous l’écrivez, que « Les vétérinaires jouent un rôle central dans la sensibilisation et la responsabilisation des propriétaires d’animaux. En tant que professionnels de la santé animale, ils ont l’opportunité de rappeler les obligations légales en matière de stérilisation, d’identification et de reproduction. » Et c’est précisément ce dont ils se chargent depuis la publication de ces arrêtés, bien avant d’avoir entendu vos exhortations.
  • Enfin, nous n’avons connaissance que de la situation des animaux confiés à nos soins et la délation que vous sollicitez mènerait à une rupture de notre devoir de discrétion professionnelle et de la relation privilégiée indispensable à la gestion de la santé et du bien-être de nos patients.

En conclusion, nous comprenons les préoccupations dont vous faites état et qui sont les nôtres, mais nous ne pouvons envisager de dénoncer des personnes dont nous trahirions la confiance.

En revanche, vous citez le coût de ces actes comme première raison invoquée par les détenteurs réfractaires. Nous constatons nous-mêmes que ces réticences coïncident avec des situations de précarité. Aucune menace n’aura d’effet sur les personnes démunies pour une bonne raison de force majeure.

Il serait bien plus fructueux et bienveillant de fédérer les aides sociales prodiguées dans ce contexte par les autorités locales et régionales et d’en informer les intéressés.