COMMUNIQUÉ DE PRESSE | Vielsalm le 5 juin 2024

À l’initiative de Coralie Bonnet, Députée provinciale en charge de l’Agriculture, la Province de Luxembourg prend des mesures pour remédier à la pénurie de vétérinaires sur son territoire. En janvier dernier, un groupe de travail a été constitué, marquant le début d’une démarche proactive visant à résoudre ce défi crucial. Ce groupe est constitué d’acteurs clés du secteur comme la Faculté de médecine vétérinaire de l’ULiège, l’Union Professionnelle Vétérinaire (UPV), l’Association des vétérinaires de la Province de Luxembourg (AVPL), la Chambre de Commerce du Luxembourg belge (CCILB), l’ARSIA (Association Régionale de Santé et d’Identification Animales), de Conseillers provinciaux et de vétérinaires. Après 5 mois de travail, et après avoir dressé les constats de la situation dans la province, le groupe de travail a priorisé 5 actions.

La Province alloue un budget exceptionnel de 145.000 € pour 2024 à ce plan d’actions et a modifié son budget 2024 en ce sens le 31 mai dernier, mettant en évidence la nécessité pressante d’agir et de communiquer sur ces initiatives.

Les 5 actions sont les suivantes :

1. Un cycle de formations spécifique pour les jeunes vétérinaires par l’AVPL (Association des vétérinaires de Province du Luxembourg) et la CCILB (Chambre de Commerce du Luxembourg belge)

Constat : 40 % des jeunes vétérinaires quittent la profession dans les trois premières années. Un manque de formations dans les domaines extra-médicaux, tels que la gestion d’entreprise, le management et la communication avec les clients, a été identifié.

Solution proposée : L’AVPL et la CCILB collaborent pour lancer, dès l’automne, un cycle de formations innovant conçu spécialement pour les jeunes vétérinaires. Structuré sur le format d’un club d’entrepreneurs, ce programme vise à fournir aux participants les clés de leur réussite professionnelle en tant qu’entrepreneurs.

Les sessions aborderont des thématiques cruciales telles que la gestion d’entreprise, la comptabilité, la communication client, le marketing et les compétences en leadership, permettant aux vétérinaires de développer et de gérer efficacement leurs propres cabinets.
Ce projet sera soutenu financièrement par la Province de Luxembourg afin de permettre à un maximum de jeunes vétérinaires de profiter du programme.

2. Le projet EVE (Étudiants, Vétérinaires, Éleveurs) par la Faculté de médecine vétérinaire de l’ULiège.
Constat
: une répartition inégale des vétérinaires sur le territoire belge et un attrait prépondérant

pour les animaux de compagnie.

Solution proposée : Résoudre le défi du renouvellement des vétérinaires ruraux en province de Luxembourg pour soutenir l’élevage sur le long terme. Le projet EVE vise à stimuler l’intérêt des étudiants, en particulier ceux non issus du milieu agricole, pour la pratique vétérinaire en milieu rural. Concrètement, les étudiants et leurs encadrants se rendront, à bord d’un véhicule (clinique mobile), dans les exploitations agricoles de la province. Ils pourront y apporter leur aide, que ce soit par des conseils ou des interventions pratiques aux côtés des vétérinaires praticiens et des éleveurs.

Les objectifs de ce projet sont multiples :

  • Permettre aux étudiants intéressés par la pratique rurale, mais non issus du milieu agricole, de s’imprégner suffisamment du fonctionnement des exploitations pour se sentir légitimes et entrer avec confiance dans une ferme pour discuter avec l’éleveur.
  • Pour les vétérinaires, cela représentera une occasion d’engagement actif auprès des futurs professionnels – via le statut de maitre de stage – avec la possibilité d’utiliser des ressources telles que des outils de diagnostic portatifs fournis par la faculté.
  • Quant aux éleveurs, ils bénéficieront de conseils complémentaires gratuits et impartiaux, sans motivation commerciale.

Les bénéfices attendus sont :

  • Une meilleure exposition des étudiants au monde agricole, et donc, un plus grand nombre de jeunes praticiens qui osent se lancer en médecine vétérinaire rurale.
  • Un soutien direct aux maîtres de stage qui participent à la formation des futurs praticiens.
  • Un échange direct entre la faculté et les maîtres de stage : plus grande convergence de points de vue et de formation des étudiants.
  • Un soutien direct aux éleveurs luxembourgeois par du conseil.
  • Une découverte de la région par des étudiants qui ne la connaissent pas ou peu.
  • De manière générale, de plus grandes opportunités pour la région d’attirer des jeunes vétérinaires.

Ce projet sera soutenu financièrement par la Province de Luxembourg pour l’achat du véhicule et les frais de fonctionnement.

3. Maîtres de stages
Constat
: Manque de maitres de stage dans la province (seulement 6 actuellement).
Solution proposée : La sensibilisation des vétérinaires praticiens au rôle de maître de stage.

Proposer aux vétérinaires praticiens un ensemble attractif de formations, de soirées de débat et d’accès à des outils technologiques tels que des forums en ligne. L’objectif est de les inciter à jouer un rôle actif dans la formation des futurs vétérinaires en acceptant d’être maîtres de stage, tout en leur offrant les ressources et le soutien nécessaires pour remplir cette fonction de manière efficace et enrichissante.

A terme, une bourse pourra être octroyée afin d’inciter de nouveaux maitres de stages à accueillir des étudiants stagiaires.

4. Communication
Constat
: Manque d’attrait pour les études vétérinaires et plus spécifiquement pour les animaux de ferme.

Solution proposée : En étroite collaboration avec les membres du groupe de travail, plusieurs actions sont envisagées :

  • Une communication sur l’attrait du milieu rural : Développer une communication mettant en avant les avantages et les opportunités offerts par la pratique vétérinaire en milieu rural, visant à susciter l’intérêt des étudiants pour cette voie professionnelle et pour la vie en région rurale.
  • La revalorisation du métier de vétérinaire rural : Mettre en place des stratégies visant à rehausser l’attrait de la profession de vétérinaire rural, notamment en ciblant les étudiants luxembourgeois pour les encourager à choisir cette filière. L’objectif est de favoriser l’installation de ces futurs vétérinaires sur leur territoire d’origine une fois leurs études terminées, en mettant en avant les aspects valorisants de l’exercice de la profession en milieu rural.
  • Une attention spécifique à la filière dans toutes les actions métiers de la province, notamment lors de l’opération Objectif Métier et l’Opération Info Profession (OIP), deux événements qui font la promotion des métiers en pénurie dans la province.
  • Intégration des représentants du monde vétérinaire lors des rencontres avec les Comices, la Chambre provinciale agricole, les partenaires agricoles.

5. OBSVET

Ce nouvel observatoire, proposé par le secteur, représente un outil essentiel pour la profession vétérinaire, visant à établir une structure permettant la cartographie permanente des entreprises vétérinaires opérant en Wallonie, en lien avec la protection de la production agricole, en particulier la production animale. Ce système est crucial pour maintenir et améliorer la couverture de santé animale et l’épidémiosurveillance face à la pression croissante sur les petites et moyennes entreprises vétérinaires en Wallonie.

En recueillant et en analysant des données sur la répartition des vétérinaires, leur santé économique et morale, ainsi que leur capacité à répondre aux besoins urgents, OBSVET offre une perspective précieuse.

Le projet, financé par la Région wallonne, implique sept groupes de travail axés sur des aspects clés tels que le recensement des données existantes, les enjeux vétérinaires, les structures de support, l’agriculture, la santé mentale des vétérinaires, l’organisation du travail et la formation continue.

La Province du Luxembourg jouera un rôle dans le groupe de travail « agriculture », avec des objectifs variés, notamment :

  • L’analyse des chiffres disponibles et des risques identifiés
  • Des actions pour favoriser l’installation des jeunes vétérinaires en zone rurale,
  • Des actions pour favoriser le recrutement d’étudiants vétérinaires avec un intérêt pour la médecine rurale,
  • Des actions pour diminuer la pénibilité de travail des vétérinaires installés,
  • Des actions pour améliorer la qualité de service aux agriculteurs (disponibilité, implantation, impact budgétaire).

L’exemple des propositions déployées par la Province du Luxembourg, et les données collectées sera très éclairant pour les autres participants à titre informatif, au même titre que les exemples français, suisse etc…. qui favorisent l’installation des jeunes. Cela permettra d’accélérer les dossiers et les idées d’optimisations.

En parallèle de la mise en œuvre de ces premières mesures avec chaque partenaire, le groupe de travail poursuivra activement ses réunions pour assurer la pérennité des actions planifiées. Les diverses initiatives présentées seront non seulement développées mais également adaptées en fonction des besoins identifiés. Le travail ne s’arrête pas là, une attention particulière sera portée à l’optimisation des processus et à l’évaluation continue des résultats pour garantir l’efficacité et la pertinence des actions entreprises. Le groupe reste engagé dans une démarche d’amélioration continue et de collaboration afin d’atteindre les objectifs fixés.

ANNEXE 1 – CONSTATS DÉTAILLÉS

Plusieurs études réalisées par divers acteurs du secteur ont mis en lumière quatre grands constats concernant la pénurie de vétérinaires en Province de Luxembourg :

1. Manque d’attrait pour les études vétérinaires

Trois aspects du cursus scolaire sont à considérer :
Avant l’entrée en faculté : Autrefois, les enfants d’agriculteurs se tournaient fréquemment vers les études vétérinaires. Aujourd’hui, cette tendance s’estompe.
Pendant le cursus en faculté : Les stages, qu’ils soient obligatoires ou facultatifs, sont majoritairement réalisés dans les refuges, entraînant une désaffection pour la zone rurale. Ce phénomène est en partie dû à une méconnaissance du milieu agricole par les étudiants. Des projets sont en cours à la faculté pour remédier à cette situation.
Début de carrière comme vétérinaire praticien : Les jeunes vétérinaires privilégient rarement les pratiques mixtes (animaux de compagnie et animaux de ferme), optant plutôt pour les animaux de compagnie. Le métier d’indépendant, avec sa lourde charge administrative, est souvent une découverte difficile. De plus, les jeunes vétérinaires estiment que leur salaire est trop bas par rapport à la charge de travail, incluant le nombre d’interventions en ferme, les conseils et les déplacements.

2. 40 % des jeunes vétérinaires quittent la profession dans les trois premières années.

Cette désertion semble être en grande partie due à un manque de soutien et d’échange au sein de la profession. Concernant le soutien, il est pertinent d’aborder la question de la formation continue. Actuellement, l’AVPL propose des formations pour aider les jeunes vétérinaires à maintenir leurs compétences, principalement en médecine et en chirurgie. Chaque session attire en moyenne entre 25 et 50 participants. Cependant, un manque de formation dans des domaines extra-médicaux, tels que la gestion d’entreprise, le management et la communication avec les clients, a été identifié.

3. Stress et désaffection pour la profession

Les éléments mentionnés précédemment – notamment la méconnaissance du milieu agricole et du métier de vétérinaire en milieu rural, une charge administrative excessive, un salaire moyen bas, et un déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée – contribuent inévitablement à une désaffection pour la profession.

4. Répartition inégale des vétérinaires sur le territoire belge

La répartition des vétérinaires varie en fonction des types d’élevage (laitier, mixte, viandeux), ce qui influence la charge de travail. En se concentrant sur la province de Luxembourg, voici les données disponibles (sources : ARSIA 2024 et cadastre VT bovins 2013) :

  • 2127 troupeaux bovins déclarés dont 1953 actifs
  • 291 250 bovins, dont 232 130 bovins viandeux (189 630 femelles), 16 361 bovins de type racial mixte et 42 759 bovins laitiers
  • Nombre de vétérinaires dans la province : 98
  • La spéculation principale est donc la production de viande bovine. On estime la densité moyenne de vétérinaires à 4 vétérinaires pour 10 000 bovins.

Deux approches doivent être prises en compte :

  • Épidémiosurveillance (approche troupeau) : On considère qu’un bovin viandeux équivaut à un bovin laitier en termes de charge de travail. Avec cette approche, la disponibilité vétérinaire est globalement bonne. Chaque exploitation possède son vétérinaire attitré.
  • Service vétérinaire (approche individuelle de l’animal) : On considère qu’un bovin viandeux représente trois fois plus de travail qu’un bovin laitier (ou inversement : un bovin laitier équivaut à un tiers du travail d’un bovin viandeux).

ANNEXE 2 – COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL

  • Tatiana ART, Docteur-vétérinaire, Doyenne de la Faculté de Médecine vétérinaire de l’Université de Liège
  • Calixte BAYROU, Docteur-vétérinaire, Département Clinique des Animaux de Production – Faculté de Médecine Vétérinaire – Université de Liège
  • Hugues GUYOT, Docteur-vétérinaire, Président du Département clinique des Animaux de Production – Université de Liège
  • Claudy LEPERE, Docteur-vétérinaire, Président de l’Association des Vétérinaires de la Province du Luxembourg
  • Christian MASSARD, Docteur-vétérinaire, Vice-président de l’Association des Vétérinaires de la Province du Luxembourg
  • Frédéric DEGROS, Docteur-vétérinaire, Trésorier de l’Association des Vétérinaires de la Province du Luxembourg
  • Pascal GUERIN du MASGENET, Docteur-vétérinaire, secrétaire de l’Association des Vétérinaires de la Province du Luxembourg
  • Bernard GAUTHIER, Docteur-vétérinaire, Co-président de l’Union Professionnelle Vétérinaire Alain SCHONBRODT, Docteur-vétérinaire, Co-secrétaire de l’Union Professionnelle Vétérinaire Léonard THERON, Docteur-vétérinaire, représentant du Comité des Praticiens Ruraux au sein de l’Union Professionnelle Vétérinaire
  • Benoit POSKIN, Docteur-vétérinaire, représentant du Conseil Régional de l’Ordre des Médecins Vétérinaires, membre du Comité des Praticiens Ruraux au sein de l’Union Professionnelle Vétérinaire
  • Jacques AUBRY, Docteur-vétérinaire, Conseiller provincial
  • Philippe BONTEMPS, Docteur-vétérinaire, Conseiller provincial
  • Dominique GILLARD, Inspecteur-vétérinaire AFMPS et Conseiller provincial Bernard MOINET, Conseiller provincial
  • Katelijne SMETS, Directrice Générale de l’ARSIA
  • Philippe LEONARD, Docteur-vétérinaire, Bourgmestre de Paliseul
  • Jean-François HEYMANS, Docteur vétérinaire, expert
  • Christophe HAY, Directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Luxembourg belge
  • Coralie BONNET, Députée provinciale en charge de l’agriculture
  • Mathilde BODELET, Première Attachée Spécifique, Service provincial agriculture
  • Ludovic COLLARD, Cabinet de la Députée provinciale Coralie BONNET
  • Sabine VANDERMEULEN, Première Directrice – Pôle Economie, Tourisme et Agriculture – Province de Luxembourg